Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mal élevée, ce qui est assez naturel, même à un homme de valeur ; enfin l’avait tenue chez lui jusqu’à sa vingtième année sans vouloir lui donner un liard de dot, tandis qu’il la couchait sur son testament et lui laissait toute sa fortune.

Ninon avait, à cette époque-là, un visage arrondi, avenant, sans grimaces ; un corps potelé, souple, frais, éclatant sous la peau. Mais elle n’avait point de préférence pour aucun des hommes qui demandèrent sa main, et elle eût épousé aussi bien un vieux qu’un jeune si on le lui eût imposé. Ces messieurs tirèrent au sort en buvant gaîment du vin blanc, car il y a beaucoup de caractères heureux dans le pays, et Ninon accueillit celui que la fortune avait désigné, et lui apporta son château en échange du titre de marquise de Chamarante.

Foulques se trouvait entre deux âges et n’était ni beau ni laid. Il tenait, tant de son père que des vignes de Chinon, Bourgueil, Saint-Nicolas et Saumur, ses bonnes nourrices, un sang ardent, mousseux, propre à l’action, mais vite apaisé, et ne tirant sa vertu