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coup, à la pauvre petite, de garder un secret ; mais elle ne le livrait à personne, parce que ce secret intéressait de la façon la plus intime la marquise, et Jacquette professait aussi un grand respect pour sa mère.

Il en résulta qu’on ne sut jamais pourquoi Dieutegard avait fui. Quelques-uns le soupçonnaient encore de s’être caché pour ne point partir avec sa tante, et pensaient qu’il se montrerait, un jour ou l’autre, au château. Mais il ne se montra plus, et l’on sut que madame de Matefelon n’avait point de nouvelles de lui, bien qu’elle eût fait battre le pays à sa recherche.

On parla beaucoup de cette disparition pendant quelque temps. Le marquis, plutôt optimiste de sa nature, prétendait que le chevalier, lassé de vivre dans le giron des femmes, avait été prendre du service à la guerre. La marquise pensait bien que le chevalier avait pu éprouver par elle un grand chagrin, mais elle chassait vite cette pensée, qui lui était désagréable. L’avis de madame de Châteaubedeau était que ce jeune garçon avait dû poursuivre quelque fille de campagne, et que là où il l’avait