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moments surtout où l’émotion l’animait, la gouvernante et l’enfant se tenaient tranquilles et reposaient les yeux sur lui. Il les sentit et en fut troublé par une sorte de pudeur aimable qu’il avait. C’est pourquoi il voulut mettre son trouble sur le compte des choses extérieures, et il dit que l’on était à une de ces minutes bien étonnantes où le ciel et la terre s’arrêtent pour écouter battre le cœur de l’été. Jacquette dressa l’oreille, pour faire comme le ciel et la terre… Et l’on entendait en effet distinctement un cœur qui battait ; mais c’était celui du chevalier.

Il ne put pas se contenir plus longtemps et pleura. Il avait quinze ans ; il versait de chaudes et belles larmes, sans compter, comme il donnait son cœur.

À ce moment commença de grincer la poulie sur laquelle le long câble barrant la Loire s’enroulait pour amener le bac ; et l’on distingua sur l’autre rive un lourd chariot chargé de foin, qui, en touchant le radeau, produisit un coup sourd dont l’ébranlement imitait le bruit du canon. Et le cheval, la voiture et le conducteur immobiles vinrent en grossissant peu à peu. La