Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Matefelon. Celle-ci, de son côté, était également fort en colère, et, si elle eût obéi à son premier mouvement, elle eût secoué incontinent ses sandales sur le seuil de la marquise de Chamarante ; mais l’amour-propre, en elle, fut plus fort que le ressentiment, et elle préféra simuler, quarante-huit heures de plus, la meilleure entente avec Ninon, afin que personne ne s’avisât qu’en somme on la mettait à la porte.

Mieux eût valu pour le chevalier s’en aller tout de suite !… Il passa une affreuse nuit à pleurer, sur son lit, les mains croisées sur les genoux, vis-à-vis un petit motif sculpté composé d’un carquois croisé avec trois fléchettes aiguës qui lui entraient dans le cœur.

Il ne s’était guère préoccupé, lui, de ce qu’on avait pu dire touchant la rencontre de la marquise et de Châteaubedeau dans la tour, puisqu’il les croyait amants depuis longtemps déjà. Et il avait l’habitude de souffrir de cette idée. Mais il se souvenait de la scène du bassin, où Ninon l’avait accablé de ses caresses, puis, peu après, s’était moquée de lui. Et il tirait de cette double attitude une série de motifs d’es-