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sortait par une fissure l’éclat obstiné de deux yeux lubriques : rien qui fût humain, en somme, car pour le bras, libre encore, et dégouttant par ses blessures, il évoquait plutôt l’idée d’une pince de homard. Ninon reconnut bien que c’était là son malade, son œuvre même, dont l’effrayant aspect la faisait presque sourire un instant auparavant, mais elle ne fut pas moins terrorisée par l’attitude insoupçonnable qu’adoptait soudain un objet sans sexe, — eût-on dit, — et sans nom.

Cependant, peu soucieux du ridicule, le galant paquet, de son horrible pince, achevait de déchirer le linge de la marquise, et non par bandes régulières, je vous prie de le croire.

Ce fut pendant qu’il s’adonnait à ce travail que la cloche de la chapelle tinta. De tels sons, insolites à pareille heure, fort lugubres, entendus d’une pharmacie, et joints à l’attaque barbare que subissait Ninon, retirèrent à la pauvre marquise la moitié de ses forces… Tout à coup, une crise de fou rire lui ravit le reste… L’emmailloté en profita. Ce fut une scène d’amour si burlesque que je n’y vois, quant à moi, point de péché pour la pauvre Ninon.