Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commettre des fautes contre le tact, sans qu’on puisse leur en savoir gré.

Aussi, presque aussitôt après ce gracieux hommage rendu par les sens à l’amour, Ninon redevint ordinaire et dit au chevalier qu’il avait attrapé chaud en courant. Il répondait :

« — Mais non, madame. »

« — Si, si », disait-elle.

Et elle lui plongeait un doigt dans le cou.

Elle était de nouveau saisie par la gourmandise, et elle sentait qu’elle n’y résisterait pas longtemps, mais elle espérait que Dieutegard la devancerait. Le chevalier semblait savourer quelque chose en lui-même, et le mouvement et la parole lui étaient retirés.

Elle eut de l’impatience. Elle le secoua par les deux épaules, et elle attendit, comme lorsqu’on sollicite une boîte à musique. Le cœur du chevalier se gonflait et aspirait la vie de tous ses membres. Les expressions de son amour s’amoncelaient aussi sous son front, mais rien que là. Alors Ninon le baisa goulûment, comme si elle l’eût voulu manger ; elle lui entr’ouvrit ses belles dents, et le happa, agitant sa chevelure à la façon d’une houppe