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rurent bientôt l’un après l’autre autour du bassin, elle heureuse de voir briller les dents du jeune homme, lui troublé, éperdu de mériter son attention. Il trébuchait, ne savait plus courir. Quand il sentit la main de Ninon contre lui et le souffle chéri lui effleurer le visage, il porta la main à son cœur qui battait trop fort, et la marquise dut le soutenir dans ses bras pour qu’il ne tombât pas. Elle s’assit à l’endroit que tout à l’heure il baisait par amour d’elle, et elle le garda sur ses genoux, à demi pâmé, en lui mouillant les tempes avec un peu d’eau qu’elle puisait dans le creux de sa main.

Lorsqu’il rouvrit les yeux sur le sein qu’il adorait, il eut dans le regard tant de confusion, de bonheur et d’amour, que Ninon même en fut intimidée, et, si près de lui, si autorisée à le baiser qu’elle fût par son attitude, elle se retint, parce qu’elle sentait un trop grand désaccord entre l’appétit qu’elle avait de ses lèvres et le beau sentiment du chevalier. Du moins, elle sentit cela l’espace d’un instant, sans que cela même lui laissât de souvenir, mais assez pour contenir un geste, enfin par ce moyen qui empêche souvent les femmes de