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felon l’éloignait du bassin, ainsi que Châteaubedeau, sous le prétexte que la marquise s’y baignait ; il y était revenu se convaincre de la circonstance extraordinaire, et il n’avait point fait de difficulté à croire à quelque miracle dû à l’essence divine de Ninon. Depuis lors, il y accomplissait de fréquents pèlerinages.

Il était donc là, étendu tout de son long sur le sable tiède et tenant à la main un petit livre. Il lisait, et puis se cachait la figure entre les feuillets, comme pour méditer ou pour boire avidement les paroles poétiques qui, sans doute, charmaient son cœur. Ninon le considéra un moment et le vit baiser pieusement, à la margelle du bassin, la pierre où elle s’était maintes fois assise en barbotant dans l’eau du bout de son pied nu. Comme elle n’ignorait pas qu’elle fût aimée du chevalier, elle y prit plaisir pour la première fois, et appela aussitôt le jeune homme par son nom. Il sursauta et devint plus blanc que le marbre du Cupidon.

Ninon lui dit ce qu’elle venait faire là et lui conta, non sans se moquer, la croisade de sa grand’tante et de mademoiselle de Quinconas. Elle désignait du doigt l’ouvrage de François