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petits souliers. Elle trouvait le temps un peu lourd et avait bien de la peine à mettre de l’ordre en ses pensées.

Elle se reposa un moment, à l’ombre du pin parasol. Que de gens, mon Dieu ! se fussent estimés heureux de jouir seulement de la belle vue qu’on avait là !

C’était là — il faut que je vous en parle ! — que M. Lemeunier de Fontevrault avait ménagé sous les pins une terrasse longue d’une demi-lieue, qu’ornait à main droite une balustrade dominant ces jardins en pelouses et en bassins auxquels huit grands jets d’eau avaient valu le nom de fontaines. Le large ruban du fleuve se déroulait dans le lointain, et l’on découvrait, par les jours clairs, les toits miroitants de Saumur. Mais Ninon venait d’être piquée par un désir qui ne lui laissait à peu près rien voir des beautés du ciel et de la terre.

Elle s’enfonça sous la charmille, et, pendant qu’elle marchait, elle enviait le sort des femmes qui sont pressées dans leur lit par le bras d’un homme.

M. Lemeunier de Fontevrault ne se gênait pas, autrefois, pour raconter des aventures