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let par le zèle stupide des deux femmes. Et elle s’étonna de n’avoir pas été courroucée davantage à la nouvelle d’une aussi vilaine mutilation.

Elle rentra en coup de vent, saisit les attributs de l’Amour pubère entre les mains de mademoiselle de Quinconas, où ils s’attardaient d’ailleurs outre mesure ; et elle sortit sans mot dire, au grand désappointement de la gouvernante, qui croyait que la marquise venait lui demander pardon de ses vivacités.

« — Les raccommodements ne vont pas si vite », dit madame de Matefelon, « car entre adversaires on ne s’entend jamais : c’est le temps qui est le remède. »

Ninon s’achemina vers la statuette, dans le dessein de mesurer l’étendue de la dégradation et de voir s’il était possible de réappliquer les débris. Que voulez-vous ! cette petite marquise était ainsi faite. Tout à l’heure, elle se reprochait comme un crime d’avoir laissé debout la statuette pernicieuse ; maintenant la voilà qui va restaurer la statuette ! Mais c’est que Ninon était femme.

Ordinairement, de sa mémoire elle chassait l’image effrontée du petit Amour, mais tout de