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d’art, contribuer à molester l’innocence de sa fille. Ne l’avait-on pas avertie de ce danger, dès avant la naissance de l’enfant ? Plus elle était convaincue que la statuette avait fait le mal, plus elle s’acharnait à démontrer que le Cupidon n’était pas coupable. « — Et le labyrinthe ? » disait-elle. « — Beau jeu pour une enfant ! Sa nourrice a dû l’y mener tous les jours ! » Enfin chacun chargeait l’Amour de marbre afin qu’on épargnât la pauvre gouvernante. Un sombre remords se dissimulait maintenant sous la colère de la marquise. Madame de Matefelon s’en avisa, et elle se résolut, dans un but de conciliation, à frapper un grand coup.

Elle portait perpétuellement sur elle, pour plus de sécurité, les pièces dérobées d’un petit coup de marteau à l’Amour pubère. Elle les tira de sa poche, enveloppées soigneusement dans un papier bien ficelé, et les montra à Ninon et aux personnes présentes, entre ses deux mains creusées en noix de coco, comme un vaurien vous présente un oiseau pris au nid.

« — Ci-gît le mal », dit-elle ; » il est depuis beau temps sans virulence !… »

On ne comprenait pas tout d’abord. Elle