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dait les chevaux hennir et ruer, sans qu’il fût possible de les secourir sous un tel feu.

Ninon dit à Fleury de monter chez le prisonnier et de transiger avec lui, au besoin de lui ouvrir la porte ; car enfin, à tout prendre, mieux valait un châtiment incomplet que le malheur d’exposer bêtes et gens, sans compter les murailles elles-mêmes, au saccage de ce forcené. Madame de Châteaubedeau joignait ses lamentations à celles du jeune Coquelière et prévoyait avec angoisse la nécessité de remonter là-haut, par l’escalier essoufflant, si son fils ne s’apaisait point.

Fleury revint, un œil poché, les doigts en sang, un grand coutelas à la main. On crut qu’il avait tué le page. Mais il raconta qu’au contraire il avait arraché à celui-ci la présente lame à l’aide de laquelle le « luron » dégradait les parois de son cachot. Le prisonnier réduit à ses seules mains, on pouvait espérer la paix. Marie Coquelière pansa le pauvre Fleury. Et à mesure que l’on considérait les linges blancs dont s’enveloppaient les deux premières victimes de Châteaubedeau, une sorte de considération naissait dans les