Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

graves romans qui sont difficiles, de raconter — une fois — ce qu’il me plaira, comme on improvise de jolis contes aux enfants.

Par exemple, je vous avertis, puisque j’adopte le sujet de mon goût, que je me risque à vous raconter une aventure délicate. Oh ! comme il est périlleux de raconter une aventure délicate, à une époque où la licence dans les ouvrages romanesques est sans bornes. Les abus des goujats, dans la liberté d’écrire, tueront, — si ce n’est déjà fait, — ce qu’il y avait de charmant à écrire librement, en notre langue, pourvu qu’on fût honnête homme. Plus sûrement qu’un régime oppressif, les excès nous raviront pis peut-être que la liberté même : le goût de parler d’amour.

Et je m’offre le luxe de choisir mes personnages ! Vous me voyez joyeux comme un écolier qu’on a laissé faire main basse dans un bazar ! Ah ! mon lecteur, foin des créatures viles, des êtres écœurants, des louches tripoteurs, des veules voyous dont vivote la librairie moderne ! Il s’agit d’oublier ces misères. Point davantage de personnages impeccables : race odieuse comme l’absolu, comme l’idée