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dessins à choisir ; on adopta le plus compliqué, et le petit bois inextricable fut planté le prochain hiver.

On respecta le bouquet d’arbres de haute futaie qui environnait la colonnade, mais, pour l’atteindre, il fallait connaître le secret du labyrinthe, sous peine de se perdre une demi-journée dans un dédale d’allées et de contre-allées sans issue. Le système de clôture fut efficace : Ninon s’amusa une fois ou deux à triompher de la difficulté, et elle ne retourna plus jamais au bassin.

Madame de Matefelon prit un jour à part la gouvernante et lui confia ses angoisses. Elle lui dit, avec mille détours, l’élément de scandale enclos dans ces bosquets d’aspect innocent, et ajouta qu’elle tremblait que sa filleule, — « guidée, qui sait ? par quelque esprit malin », — ne s’aventurât dans la tortueuse allée et n’y fut menée jusqu’au but redoutable.

Cela fait, elle proposa à mademoiselle de Quinconas, en qualité d’alliée, une campagne non dépourvue d’audace.

Il s’agissait d’abattre au jeune dieu son geste ingénûment viril, sans endommager, autant