XIX
Sur l’invitation de Mme de Chandoyseau, Mme Belvidera était montée chez Solweg. La jeune fille était étendue sur une chaise longue, près de la fenêtre entr’ouverte, et sa petite tête, fine et jolie, dans ses frisons d’or, était appuyée sur sa main. Elle la releva vivement dès qu’elle eut reconnu la voix de l’Italienne et se dressa sur sa chaise.
— Vous, madame ! dit-elle.
Elle était aussi étonnée de la démarche de Mme Belvidera que celle-ci même était émue de l’accomplir. Malgré toute la sympathie que Solweg lui avait inspirée dès le premier jour, Luisa se tenait vis-à-vis d’elle sur une réserve que nécessitait la malheureuse circonstance de la grotte. Ah ! combien de fois n’avait-elle pas eu l’envie de lui sauter au cou, de l’embrasser de tout son cœur à cause de ce qu’elle sentait de douleur intime dans cette tendre petite âme, blessée, elle le voyait bien, d’une manière terrible, et condamnée au silence, au reploiement sur soi-même, par la vulgarité de son entourage, et presque au désespoir par son amour secret.
Toute sa tendresse pour Solweg était mêlée de pitié :