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musique du dehors, produisirent sur la pauvre enfant un inévitable effet : elle porta tout à coup sa serviette à ses yeux et sortit précipitamment.

Mme de Chandoyseau haussa les épaules en prononçant tout bas :

— Petite sotte !

— Ça passera, dit M. de Chandoyseau.

Dompierre leur sourit à l’un et à l’autre avec un air d’acquiescement.

Vers la fin du repas, M. de Chandoyseau hasarda l’opinion que le voyage ne leur était guère favorable, en général, et qu’ils eussent aussi bien fait de demeurer tranquillement à l’hôtel des îles Borromées, où la cuisine était meilleure et la vue plus belle assurément, « n’est-ce pas Herminie ? »

— Dame ! fit amèrement Herminie, ce n’est pas moi qui ai organisé cette « partie » ! et il me semble que les personnes qui l’ont mise en train devraient bien commencer par ne pas se dérober les premières…

— Quelles personnes ? demanda M. de Chandoyseau qui ignorait complètement pourquoi il se trouvait à Lugano.

— Je m’entends ! je m’entends ! dit Herminie, les lèvres pincées, et faisant allusion à M. Belvidera qu’elle avait suivi dans l’espoir d’une intrigue qui paraissait complètement compromise. Mais, ajouta-t-elle, avec l’intention de piquer Gabriel dans sa jalousie contre le mari de Luisa, quand on a affaire à des amoureux, il ne faut compter sur rien !

— Qui est-ce qui est amoureux ? demanda bonnement M. de Chandoyseau.

Dompierre fit semblant de n’avoir pas compris, lui non plus, l’allusion intentionnelle de Mme de Chandoyseau.