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— Dix heures ! mais qu’est-ce que vous faites-là ? Il est temps d’aller se coucher.

Elle alluma elle-même les bougies rangées sur la console. Grand’mère et ces demoiselles, émues et désolées, les yeux pleins d’eau, barbotaient et se dépensaient en vains mouvements.Une d’elles osa dire, en tendant les lettres :


— Lis cela avant de t’endormir, Félicie !

Le ton avait une telle éloquence qu’il n’était pas possible de dire davantage. On se coucha encore confiants dans le lendemain. Mais Félicie ne fit plus jamais allusion à cette tentative d’introduction de la famille légitimée. Elle dit seulement à sa sœur :

— Quand tu écriras à ton fils, préviens-moi avant de fermer ta lettre.

C’était pour y glisser un billet de banque.

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VIII

INDULGENCE DE LA CHAIR

Les pauvres femmes s’agitèrent du Jour de l’An à Pâques, et Dieu seul connut tout à fait les complots étouffés, les alarmes secrètes, les timides rébellions et la sombre énergie que couvrit le battement des ailes de leurs bonnets noirs.

Ces scènes se passèrent dans la pièce au meuble d’utrecht, sous le geste du Cupidon et le sourire incertain de la disparue qui semblait nous regarder de très loin. On avait descendu du grenier d’anciens journaux illustrés qui sentaient la poussière, la lavande et la souris confusément. Je suivais, sur leurs images, la campagne d’Italie ou les grimaces des « semaines comiques » de Cham, lorsque le vent