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lager que le sont les besoins de la faim et de la soif ; vous m’avez très bien démontré que nous n’agissons que par la volonté de Dieu, que la nature n’est qu’un mot vide de sens et n’est que l’effet dont Dieu est la cause ; mais la religion, qu’en direz-vous ? Elle nous défend les plaisirs de concupiscence hors l’état de mariage. Est-ce encore là un mot vide de sens ?

« — Quoi ! madame, répondit l’abbé, vous ne vous souvenez donc pas que nous ne sommes point libres ? comment pouvons-nous pécher ? Mais entrons, puisque vous le voulez, sérieusement en matière sur le chapitre des religions. Votre discrétion, votre prudence me sont connues, et je crains d’autant moins de m’expliquer que je proteste devant Dieu de la bonne foi avec laquelle j’ai cherché à démêler la vérité de l’illusion. Voici le résumé de mes travaux et de mes réflexions en cette importante matière :

« Dieu est bon, dis-je, sa bonté m’assure que si je cherche avec ardeur à connaître s’il est un culte véritable qu’il exige de moi, il ne me trompera pas ; je parviendrai à connaître évidemment ce culte, autrement Dieu serait injuste ; il m’a donné la raison pour m’en servir, pour me guider : à quoi puis-je mieux l’employer ?

« Si un chrétien de bonne foi ne veut pas examiner sa religion, pourquoi voudra-t-il (ainsi qu’il l’exige)