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demain matin de l’idée que l’on doit avoir des religions. C’est une matière importante à notre bonheur ; mais il est trop tard pour l’entamer aujourd’hui. Je sens que j’ai besoin d’aller prendre mon chocolat.

« — Je le veux, dit Mme C… en se levant : M. le philosophe a sans doute besoin d’une réparation physique, pour les pertes libidineuses que je lui ai fait faire ; cela est bien juste, continua-t-elle ; vous avez fait et vous avez dit des choses admirables : rien de mieux que vos observations sur la nature ; mais trouvez bon que je doute fort que vous puissiez me faire voir aussi clair sur le chapitre des religions, que vous avez touché diverses fois avec beaucoup moins de succès. Comment donner, en effet, des démonstrations dans une matière aussi abstraite et où tout est article de foi ? — C’est ce que nous verrons demain, répondit l’abbé. — Oh ! ne comptez pas en être quitte demain pour des raisonnements, répliqua Mme C… : nous rentrerons, s’il vous plaît, de bonne heure dans ma chambre, où j’aurai besoin de vous et de mon lit de repos. »

Quelques instants après, ils prirent l’un et l’autre le chemin de la maison ; je les y suivis par une allée couverte. Je ne restai qu’un moment dans ma chambre pour y changer de robe, et je me rendis de suite dans l’appartement de Mme C…, où je craignais