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sent des plaisirs de la petite oie ne font rien de plus que ces moines, que ces religieuses, que tout ce qui vit dans le célibat ? Ceux-ci conservent dans leurs reins, en pure perte, une semence que les premiers répandent en pure perte : ne sont-ils donc pas, les uns et les autres, précisément dans un cas égal, eu égard à la société ? Ils ne lui donnent tous aucun citoyen ; mais la saine raison ne nous dicte-t-elle pas qu’il vaut mieux encore que nous jouissions d’un plaisir qui ne fait tort à personne, en répandant inutilement cette semence, que de la conserver dans nos vaisseaux spermatiques, non seulement avec la même inutilité, mais encore toujours aux dépens de notre santé et souvent de notre vie. Ainsi vous voyez, madame la raisonneuse, ajouta l’abbé, que nos plaisirs ne font pas plus de tort à la société que le célibat approuvé des moines, des religieuses, etc. ; que nous pouvons aller notre petit train. »

Sans doute qu’en suite de ses réflexions l’abbé se mit en devoir de rendre service à Mme C…, car j’entendis, un instant après, que celle-ci lui disait : « Ah ! finis, vilain abbé, retire ton doigt ; je ne suis pas en train aujourd’hui, je me ressens encore de nos folies d’hier ; remettons celle-ci à demain ; d’ailleurs, tu sais que j’aime à être à mon aise, bien étendue sur mon lit : ce banc n’est point commode ; finis, encore