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es-tu content de mes tétons et de mes cuisses ? les as-tu assez baisés, assez maniés ? Pourquoi trousser ainsi mes manchettes au-dessus du coude ? Monsieur aime sans doute à voir les mouvements d’un bras nu ? Fais-je bien ? Tu ne dis mot ! Ah ! le coquin ! qu’il a de plaisir ! »

Il se fit un instant de silence. Puis tout à coup j’entendis l’abbé qui s’écria : « Ma chère maman, je n’en puis plus : un peu plus vite ; donne-moi donc la petite langue, je t’en prie. Ah ! il cou…le ! »

Jugez, mon cher comte, de l’état où j’étais pendant cette édifiante conversation. J’essayai vingt fois de me lever pour tâcher de trouver quelque ouverture par où je puisse découvrir les objets, mais le bruit des feuilles me retint toujours. J’étais assise ; je m’allongeai de mon mieux ; et pour éteindre le feu qui me dévorait, j’eus recours à mon petit exercice ordinaire.

Après quelques moments, qui furent employés sans doute à réparer le désordre de M. l’abbé : « En vérité, dit-il, toute réflexion faite, je crois, ma bonne amie, que vous avez eu raison de me refuser la jouissance que je vous demandais : j’ai senti un plaisir si vif, un chatouillement si puissant, que je pense que tout eût coulé à travers choux, si vous m’eussiez laissé faire.