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porte ; déjà l’élixir divin est prêt à couler ; alors, l’amant sage, maître de ses passions, retire l’oiseau de son nid, et sa main, ou celle de sa maîtresse, achève, par quelques légers mouvements, de provoquer l’éjaculation au dehors. Point d’enfants à craindre dans ce cas. L’amant étourdi et brutal pousse au contraire jusqu’au fond du vagin : il y répand sa semence ; elle pénètre dans la matrice, et de là dans ses trompes, où se forme la génération.

« Voilà, madame, continua M. T…, puisque vous avez voulu que je le répétasse encore, quel est le mécanisme des plaisirs de l’amour. Me connaissant tel que je suis, pouvez-vous me croire du nombre de ces derniers imprudents ? Non, ma chère amie, j’ai fait cent fois l’expérience du contraire. Laisse-moi, je te conjure, la renouveler aujourd’hui avec toi ; regarde dans quel état de triomphe est mon drôle : tu le tiens. — Oui ! — Serre-le bien dans ta main ; tu vois qu’il te demande grâce, et je…

« — Non pas, s’il vous plaît, mon cher abbé, répliqua à l’instant Mme C… ; il n’en sera rien, je vous jure ; tout ce que vous m’avez dit ne peut me tranquilliser sur mes craintes, et je vous procurerais un plaisir que je ne pourrais pas goûter : cela n’est pas juste. Laissez-moi donc faire ; je vais mettre ce petit effronté à la raison. Eh bien ! poursuivit-elle,