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vous n’avez donc pas craint, pour satisfaire votre plaisir particulier, d’agir contre l’intérêt général que vous prônez si fort.

« — Bon ! nous y voilà encore, reprit l’abbé ; tu recommences donc toujours la même chanson, ma petite mère ? Ne t’ai-je pas dit qu’en agissant avec de certaines précautions on ne risque point cet inconvénient ? N’es-tu pas convenue avec moi que les femmes n’ont que trois choses à redouter : la peur du diable, la réputation et la grossesse ? Tu es très apaisée, je pense, sur le premier article ; je ne crois pas que tu craignes de ma part l’indiscrétion ni l’imprudence, qui seules peuvent ternir la réputation ; enfin, on ne devient mère que par l’étourderie de son amant. Or, je t’ai déjà montré, plus d’une fois, par l’explication du mécanisme de la fabrique des hommes, que rien n’était plus facile à éviter ; répétons donc encore ce que nous avons dit à ce sujet.

« L’amant, par la réflexion ou par la vue de sa maîtresse, se trouve dans l’état qui est nécessaire à l’acte de la génération ; le sang, les esprits, le nerf érecteur, ont enflé et roidi son dard ; tous deux d’accord, ils se mettent en posture ; la flèche de l’amant est poussée dans le carquois de sa maîtresse ; les semences se préparent par le frottement réciproque des parties. L’excès du plaisir les trans-