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dès que je sentais l’aiguillon de la chair me tracasser, j’avais une petite fille ad hoc, comme on a un pot de chambre pour pisser, à qui je faisais une ou deux fois la grosse besogne, dont il vous plaît de ne vouloir pas tâter de ma façon. Alors, l’esprit tranquille, les idées nettes, je me remettais au travail, et je soutiens que tout homme de lettres, tout homme de cabinet qui a un peu de tempérament doit user de ce remède, aussi nécessaire à la santé du corps qu’à celle de l’esprit. Je dis plus : je prétends que tout honnête homme qui connaît les devoirs de la société devrait en faire usage, afin de s’assurer de n’être point excité trop vivement à s’écarter de ses devoirs en débauchant la femme ou la fille de ses amis ou de ses voisins.

« Présentement, vous me demanderez, peut-être, madame, continua l’abbé, comment doivent donc faire les femmes et les filles ? Elles ont, dites-vous, leurs besoins comme les hommes ; elles sont de même pâte ; cependant elles ne peuvent pas se servir des mêmes ressources : le point d’honneur, la crainte d’un indiscret, d’un maladroit, d’un faiseur d’enfants ne leur permet pas d’avoir recours au même remède que les hommes. D’ailleurs, ajouterez-vous, où en trouver de ces hommes tout prêts, comme l’était votre petite fille, ad hoc ?