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quence que vous ne pensez. J’ai cru devoir en parler à M. T…, qui vous attend actuellement à son confessionnal. J’exige de vous que vous alliez le trouver et que vous lui répétiez mot à mot tout ce que vous m’avez dit. C’est un honnête homme et de bon conseil : vous en avez besoin. Je pense qu’il vous prescrira une nouvelle façon de vous conduire, qui est nécessaire à votre salut et à votre santé. Votre mère mourrait de chagrin si elle apprenait ce que je sais ; car je ne puis vous cacher qu’il y a des horreurs dans ce que vous avez vu chez Mlle Éradice. Allez, Thérèse, partez et donnez une confiance entière à M. T… : vous n’aurez pas lieu de vous en repentir. »

Je me mis à pleurer, et je sortis toute tremblante pour aller trouver M. T…, qui entra dans son confessionnal dès qu’il m’aperçut.

Je ne cachai rien à M. T… qui m’écouta attentivement jusqu’au bout, sans m’interrompre que pour me demander de certaines explications sur les détails qu’il ne comprenait pas. « Vous venez, me dit-il, de m’apprendre des choses étonnantes : le Père Dirrag est un fourbe, un malheureux, qui se laisse emporter à la force de ses passions ; il marche à sa perte, et il entraînera celle de Mlle Éradice ; néanmoins, mademoiselle, il faut les plaindre plutôt que de les blâmer. Nous ne sommes pas toujours maîtres de résister à