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alors vingt-six ans : j’aurai occasion, par suite, de vous faire le portrait de sa personne.

M. l’abbé T…, ami particulier et en même temps directeur de conscience de Mme C…, était un homme d’un vrai mérite. Il était âgé de quarante-quatre à quarante-cinq ans : petit, mais bien fait, une physionomie ouverte, spirituelle, soigneux observateur des bienséances de son état, aimé et recherché de la bonne compagnie, dont il faisait les délices. À beaucoup d’esprit il joignait des connaissances étendues. Ses bonnes qualités, généralement reconnues, lui avaient fait obtenir le poste qu’il remplissait, et que je dois taire ici. Il était confesseur et l’ami des gens de mérite de l’un et de l’autre sexe, comme le Père Dirrag l’était des dévotes de profession, des enthousiastes, des quiétistes et des fanatiques.

Je retournai le lendemain matin chez Mme C… à l’heure convenue. « Eh bien ! ma chère Thérèse, me dit-elle en entrant, comment vont vos pauvres petites parties affligées ? Avez-vous bien dormi ? — Tout se porte mieux, madame, lui dis-je ; j’ai fait ce que vous m’avez prescrit. Tout a été bien bassiné, cela m’a soulagée ; mais j’espère au moins de n’avoir pas offensé Dieu. » Mme C… sourit, et après m’avoir fait prendre une tasse de café : « Ce que vous m’avez confié hier, me dit-elle, est de plus grande consé-