Page:Boyer d’Argens - Thérèse philosophe.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chez Éradice et sur ce qui venait de se passer dans moi, sans en pouvoir tirer aucune conclusion raisonnable. La partie qui avait été frottée le long de la colonne, ainsi que l’intérieur du haut de mes cuisses qui l’avait embrassée, me faisait un mal cruel ; j’osai y regarder malgré les défenses qui m’avaient été faites par mon ancien directeur de couvent ; mais je n’osai me déterminer à y porter la main : cela m’avait été trop expressément interdit.

Comme je finissais cet examen, la servante de ma mère vint m’avertir que Mme C… et M. l’abbé T… étaient au logis, où ils devaient dîner, et que ma mère m’ordonnait de descendre pour leur faire compagnie ; je les joignis.

Il y avait quelque temps que je n’avais vu Mme C… Quoiqu’elle eût bien des bontés pour ma mère, à qui elle avait rendu de grands services, et qu’elle eût la réputation d’une femme très pieuse, son éloignement marqué pour les maximes du Père Dirrag, pour ses exhortations mystiques m’avaient fait cesser de la fréquenter, afin de ne pas déplaire à mon directeur : il n’était pas traitable sur l’article et ne voulait point que son troupeau se confondît avec celui des autres directeurs ses concurrents ; il craignait sans doute les confidences, les éclaircissements ; enfin, c’était une condition préalable, très recom-