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avoir été fait, dont il se flattait d’obtenir une punition exemplaire ; la grillade seule de son rival, qu’il méditait, pouvait assouvir son ressentiment et sa vengeance.

J’ai dit que, dès que le Père Dirrag fut sorti de la chambre de Mlle Éradice, je me retirai chez moi. Dès que je fus rentrée dans ma chambre, je me prosternai à genoux pour demander à Dieu la grâce d’être traitée comme mon amie. Mon esprit était dans une agitation qui approchait de la fureur ; un feu intérieur me dévorait. Tantôt assise, tantôt debout, souvent à genoux, je ne trouvais aucune place qui pût me fixer. Je me jetai sur mon lit. L’entrée de ce membre rubicond dans la partie de Mlle Éradice ne pouvait sortir de mon imagination, sans que j’y attachasse cependant aucune idée distincte de plaisir, et encore moins de crime. Je tombai, enfin, dans une rêverie profonde, pendant laquelle il me sembla que ce même membre, détaché de tout autre objet, faisait son entrée dans moi par la même voie.

Machinalement, je me plaçai dans la même attitude que celle où j’avais vu Éradice, et machinalement encore, dans l’agitation qui me faisait mouvoir, je me coulai sur le ventre jusqu’à la colonne du pied du lit, laquelle, se trouvant passée entre mes jambes et mes cuisses, m’arrêta et servit de point d’appui à