Page:Boyer d’Argens - Thérèse philosophe.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aurait pu deviner où tenait le prétendu cordon. Quelle présence d’esprit !

Je vis qu’environ la longueur d’un travers de pouce du saint instrument fut constamment réservée au dehors et n’eut pas de part à la fête. Je vis qu’à chaque mouvement que le croupion du Père faisait en arrière, par lequel le cordon se retirait de son gîte jusqu’à la tête, les lèvres de la partie d’Éradice s’entr’ouvraient et paraissaient d’un incarnat si vif qu’elles charmaient la vue. Je vis que, lorsque le Père, par un mouvement opposé, poussait en avant, ces mêmes lèvres, dont on ne voyait plus alors que le petit poil noir qui les couvrait, serraient si exactement la flèche, qui y semblait comme engloutie, qu’il eût été difficile de deviner auquel des deux acteurs appartenait cette cheville par laquelle ils paraissaient l’un et l’autre également attachés.

Quelle mécanique ! quel spectacle, mon cher comte, pour une fille de mon âge, qui n’avait aucune connaissance de ce genre de mystère ! Que d’idées différentes me passèrent dans l’esprit, sans pouvoir me fixer à aucune ! Il me souvient seulement que vingt fois je fus sur le point de m’aller jeter aux genoux de ce célèbre directeur, pour le conjurer de me traiter comme mon amie. Était-ce mouvement