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saint homme va venir, me dit-elle, et Dieu avec lui : cachez-vous dans ce petit cabinet, d’où vous pourrez entendre et voir jusqu’où la bonté divine veut bien s’étendre, en faveur de sa vile créature, par les soins pieux de notre directeur. » Un instant après, on frappa doucement à la porte. Je me sauvai dans le cabinet dont Éradice prit la clef. Un trou large comme la main, qui était dans la porte de ce cabinet couvert d’une vieille tapisserie de Bergame, très claire, me laissait voir librement la chambre en son entier, sans risque d’être aperçue.

Le bon Père entra. « Bonjour, ma chère sœur en Dieu, lui dit-il. Que le Saint-Esprit et saint François soient avec vous ! » Elle voulut se jeter à ses pieds, mais il la releva et il la fit asseoir à côté de lui. « Il est nécessaire, lui dit le saint homme, que je vous répète les principes sur lesquels vous devez vous guider dans toutes les actions de votre vie ; mais parlez-moi, auparavant, de vos stigmates ; celui que vous avez sur la poitrine est-il toujours dans le même état ? Voyons un peu. » Éradice se mit d’abord en devoir de découvrir son téton gauche, au-dessous duquel il était. « Ah ! ma sœur, arrêtez : couvrez votre sein avec ce mouchoir (il lui en tendait un) ; de pareilles choses ne sont pas faites pour un membre de notre société : il suffira que je voie la plaie