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des fautes dont je me croyais coupable : « Vous serez un jour une sainte, me dit ce bon Père, si vous continuez de suivre, comme vous avez fait, les principes de vertu que votre mère vous inspire ; évitez surtout d’écouter le démon de la chair ; je suis le confesseur de votre mère ; elle m’a alarmé sur le goût qu’elle vous croit pour l’impureté, le plus infâme des vices ; je suis bien aise qu’elle se soit trompée dans les idées qu’elle avait conçues de la maladie que vous avez eue il y a quatre ans ; sans ses soins, ma chère enfant, vous perdiez votre corps et votre âme. Oui, je suis certain, présentement, que les attouchements dans lesquels elle vous a surprise n’étaient pas volontaires, et je suis convaincu qu’elle s’est trompée dans la conclusion qu’elle en a tirée pour votre salut. »

Alarmée de ce que me disait mon confesseur, je lui demandai ce que j’avais donc fait qui eût pu donner à ma mère une si mauvaise idée de moi. Il ne fit aucune difficulté de m’apprendre dans les termes les plus mesurés ce qui s’était passé et les précautions que ma mère avait prises pour me corriger d’un défaut dont il était à désirer, disait-il, que je ne connusse jamais les conséquences.

Ces réflexions m’en firent faire insensiblement sur nos amusements du grenier, dont je viens de parler. La rougeur me couvrit le visage, je baissai les yeux