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avions eue, vous et moi, après le souper. Je lui dis tout naturellement que vous m’aviez paru désirer de savoir quelle espèce d’affaire m’avait conduite et me retenait à Paris, et je convins que vos procédés m’avaient inspiré tant de confiance que je n’avais pas hésité à vous informer de presque toute l’histoire de ma vie et de l’état de ma situation actuelle. Je continuai de lui dire que vous m’aviez paru touché de mon état, et que vous m’aviez fait entendre que, par la suite, vous pourriez me donner des preuves des sentiments que je vous avais inspirés.

— Tu ne connais pas les hommes, reprit la Bois-Laurier ; la plupart ne sont que des séducteurs et des trompeurs, qui, après avoir abusé de la crédulité d’une fille, l’abandonnent à son malheureux sort. Ce n’est pas que j’aie cette idée du caractère du comte personnellement ; au contraire, tout annonce en lui l’homme qui pense, l’honnête homme, qui est tel par raison, par goût et sans préjugés.

Après quelques autres discours de la Bois-Laurier, qui visaient à me servir de leçons propres à m’apprendre et à connaître les différents caractères des hommes, nous nous couchâmes ; et, dès que nous fûmes au lit, nos folies firent place aux raisonnements.

Le lendemain matin, la Bois-Laurier me dit, en