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siques se moquent de nos injures et défendent vivement leur goût, en soutenant que leurs antagonistes ne se conduisent que par les mêmes principes qu’eux.

« Nous cherchons tous le plaisir, disent ces hérétiques, par la voie où nous croyons le trouver. C’est le goût qui guide nos adversaires, ainsi que nous. Or, vous conviendrez que nous ne sommes pas les maîtres d’avoir tel ou tel goût. Mais, dit-on, lorsque les goûts sont criminels, lorsqu’ils outragent la nature, il faut les rejeter. Point du tout ; en matière de plaisirs, pourquoi ne pas suivre son goût ? Il n’y en a point de coupables. D’ailleurs, il est faux que l’antiphysique soit contre nature, puisque c’est cette même nature qui nous donne le penchant pour ce plaisir. Mais, dit-on encore, on ne peut procréer son semblable, continuent-ils. Quel pitoyable raisonnement ! Où sont les hommes de l’un et de l’autre goût qui prennent le plaisir de la chair dans la vue de faire des enfants ? »

Enfin, continua la Bois-Laurier, messieurs les antiphysiques allèguent mille bonnes raisons pour faire croire qu’ils ne sont ni à plaindre ni à blâmer. Quoi qu’il en soit, je les déteste, et il faut que je te conte un tour assez plaisant que j’ai joué une fois en ma vie à un de ces exécrables ennemis de notre sexe.