Page:Boyer d’Argens - Thérèse philosophe.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Écoute bien cette scène, me dit la Bois-Laurier en s’interrompant ; elle est originale ; mais je t’avertis (peut-être un peu tard) que je ne puis rien retrancher à l’énergie des termes, sans lui faire perdre toutes ses grâces.

La Bois-Laurier avait trop élégamment commencé pour ne pas la laisser finir de même : je souris ; elle continua ainsi le récit de cette aventure :

« Fût-ce le diable, répéta la Dupuis, se levant de dessus sa chaise et élevant la voix du même ton nasillant que celui du capucin ; eh bien ! b....., dit-elle en se troussant jusqu’au nombril, regarde ce c… vénérable, qui en vaut bien deux ; je suis une bonne diablesse : f…-moi donc, si tu l’oses, et gagne ton argent ». Elle prend en même temps Père Ange par la barbe et l’entraîne sur elle, en se laissant tomber sur le petit lit. Le Père n’est point déconcerté par l’enthousiasme de sa Proserpine ; il se dispose à l’enfiler, et l’enfile à l’instant.

À peine la sexagénaire Dupuis eut-elle éprouvé le frottement de quelques secousses du Père que ce plaisir délicieux, qu’aucun mortel n’avait eu la hardiesse de lui faire goûter depuis plus de vingt-cinq ans, la transporte et lui fait bientôt changer de ton. « Ah ! mon papa, disait-elle, en se démenant comme une enragée, mon cher papa, f… donc ; donne-moi du