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du Père Hilaire, qui, se sentant pris et tiré par le menton, m’applique, pour m’obliger à lâcher prise, un assez vigoureux coup de dent dans une fesse. J’abandonne, en effet, la barbe, et un cri perçant, que la douleur m’arrache, en impose heureusement à ces effrénés et me tire pour un moment de leurs pattes. Je m’assis sur un lit de repos près lequel j’étais ; mais à peine ai-je le temps de m’y reconnaître que trois instruments énormes se trouvent braqués devant moi.

« Ah ! mes Pères, m’écriai-je, un moment de patience, s’il vous plaît ; mettons un peu d’ordre dans ce qui nous reste à faire. Je ne suis point venue ici pour jouer la vestale : voyons donc avec lequel de vous trois je…

« — C’est à moi ! s’écrièrent-ils tous ensemble, sans me donner le temps d’achever. — À vous, jeunes barbares ? reprit l’un d’eux en nasillant. Vous osez disputer le pas à Père Ange, ci-devant gardien de…, prédicateur du carême de…, votre supérieur ! Où est donc la subordination ? — Ma foi ! ce n’est pas chez la Dupuis, reprit l’un d’eux, sur le même ton ; ici, Père Anselme vaut bien Père Ange. — Tu en as menti ! » répliqua ce dernier en apostrophant un coup de poing dans le milieu de la face du très révérend Père Anselme. Celui-ci, qui n’était rien