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tête d’un godemiché, pour me provoquer au plaisir. Lui, posté dans la même attitude vis-à-vis de moi, à l’autre extrémité de la chambre, travaillait de la main à la même besogne, ayant les yeux fixés sur mes mouvements, et singulièrement attentif à ne terminer son opération que lorsqu’il apercevait que ma langueur annonçait le comble de la volupté.

Un troisième (c’était un vieux médecin) ne donnait aucun signe de virilité qu’au moyen de cent coups de fouet que je lui appliquais sur les fesses, tandis qu’une de mes compagnes, à genoux devant lui, la gorge nue, travaillait avec ses mains à disposer le nerf érecteur de cet Esculape moderne, d’où exhalaient enfin les esprits qui, mis en mouvement par la fustigation, avaient été forcés de se porter dans la région inférieure. C’est ainsi que nous le disposions, ma camarade et moi, par ces différentes opérations, à répandre le baume de la vie. Tel était le mécanisme par lequel ce docteur nous assurait qu’on pouvait restaurer un homme usé, un impuissant, faire concevoir une femme stérile.

Un quatrième (c’était un voluptueux courtisan usé de débauche) me fit venir chez lui avec une de mes compagnes. Nous le trouvâmes dans un cabinet environné de glaces de toutes parts, disposées de manière que toutes faisaient face à un lit de repos de velours