Page:Boyer d’Argens - Thérèse philosophe.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je ne finirais pas si je te faisais le tableau de tous les goûts bizarres, des singularités que j’ai connus chez les hommes, indépendamment des diverses postures qu’ils exigent des femmes dans le coït.

Un jour je fus introduite, par une petite porte de derrière, chez un homme de nom et fort riche, à qui, depuis cinquante ans, tous les matins une fille nouvelle pour lui rendait pareille visite. Il m’ouvrit lui-même la porte de son appartement. Prévenue de l’étiquette qui s’observait chez ce paillard d’habitude, dès que je fus entrée, je quittai robe et chemise. Ainsi nue, j’allai lui présenter mes fesses à baiser dans un fauteuil où il était gravement assis.

« Cours donc vite, ma fille », me dit-il, tenant d’une main son paquet, qu’il secouait de toute sa force, et de l’autre une poignée de verges, dont mes fesses étaient simplement menacées. Je me mets à courir, il me suit ; nous faisons cinq à six tours de chambre, lui criant comme un diable : « Cours donc, coquine, cours donc ! » Enfin il tombe pâmé dans son fauteuil ; je me rhabille, il me donne deux louis, et je sors.

Un autre me plaçait assise sur le bord d’une chaise, découverte jusqu’à la ceinture. Dans cette posture, il fallait que, par complaisance, quelquefois aussi par goût, je me servisse du frottement de la