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comtesse, sa sœur, aux plaisirs de la jeunesse libertine, était devenue directrice de la maison d’un riche Américain, à qui elle prodiguait les débris de ses appas surannés, qu’il payait bien au delà de leur juste valeur. Un autre Américain, ami de celui-ci, me vit et m’aima ; nous nous arrangeâmes. La confidence que je lui fis du cas où j’étais l’enchanta au lieu de le rebuter. Le pauvre sortait d’entre les mains du célèbre Petit : il sentait qu’entre les miennes il était assuré de ne pas craindre de rechute. Mon nouvel amant d’outre-mer avait fait vœu de se borner aux plaisirs de la petite oie ; mais il mêlait dans l’exécution un tic singulier. Son goût était de me placer assise à côté de lui sur un sopha, découverte jusqu’au-dessus du nombril ; et tandis que j’empoignais et que je donnais de légères secousses au rejeton du genre humain, il fallait que j’eusse la complaisance de souffrir qu’une femme de chambre, qu’il m’avait donnée, s’occupât à couper quelques poils de ma toison. Sans ce bizarre appareil, je crois que la vigueur de dix bras comme le mien ne fût pas venue à bout de guinder la machine de mon homme, et encore moins d’en tirer une goutte d’élixir.

Du nombre de ces hommes à fantaisie était l’amant de Minette, troisième sœur de la baronne. Cette fille