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à terre, tenant d’une main sa lorgnette braquée sur mon postérieur, et, de l’autre, secouant entre ses cuisses quelque chose de noir et de flasque que tous ses efforts ne pouvaient arriver à faire guinder.

Je ne sais s’il finit ou non sa besogne ; mais enfin, après un quart d’heure d’une attitude que je ne pouvais plus supporter, monseigneur se leva et gagna son fauteuil, en vacillant sur ses vieilles jambes étiques. Il donna à ma mère une bourse dans laquelle il lui dit qu’elle trouverait les cent louis d’or promis ; et après m’avoir honorée d’un baiser sur la joue, il m’annonça qu’il aurait soin que rien ne me manquât, pourvu que je fusse sage, et qu’il me ferait avertir lorsqu’il aurait besoin de moi.

Dès que nous fûmes rentrées au logis, ma mère et moi, continua Mme Bois-Laurier, je fis d’aussi sérieuses réflexions sur ce que j’avais appris et vu depuis vingt-quatre heures que celles que vous fîtes ensuite de la fustigation de Mlle Éradice par le père Dirrag. Je me rappelais tout ce qui s’était dit et fait dans la maison de Mme Lefort depuis mon enfance, et je rassemblais mes idées pour en tirer quelque conclusion raisonnable, lorsque ma mère entra et mit fin à mes rêveries.

« Je n’ai plus rien à te cacher, ma chère Manon, me dit-elle en m’embrassant, puisque te voilà asso-