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de connaître une fille telle que toi ! Tu viens de me dessiller les yeux sur des mystères qui faisaient tout le malheur de ma vie ; les réflexions que je ne cessais de faire sur ma conduite passée en troublaient le repos. Qui est-ce qui devait plus appréhender que moi les châtiments dont on nous menace pour des crimes que tu m’as démontré être involontaires ? Le commencement de ma vie a été un tissu d’horreurs ; mais, quoi qu’il en coûte à mon amour-propre, je te dois confidence pour confidence, leçon pour leçon.

« Écoute donc, ma chère Thérèse, le récit de mes aventures ; en t’instruisant des caprices des hommes, qu’il est bon que tu connaisses, il pourra contribuer aussi à te confirmer qu’en effet le vice et la vertu dépendent du tempérament et de l’éducation. »

Et tout de suite cette femme commença son histoire.