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petites entreprises de R… qu’il ne douta pas de réussir, s’il en tentait de plus sérieuses. Il me proposa de passer sur un lit de repos qui faisait face au sopha. « Je le veux bien, monsieur, lui dis-je bonnement ; je pense que nous serons mieux, et je crains que vous ne vous fatiguiez trop dans la situation où vous êtes là, à mes genoux. » (Il venait, en effet, de s’y mettre.) Aussitôt il se lève et me porte sur le petit lit.

Dans ce mouvement, je m’aperçus que M. B… et sa nièce sortaient de l’appartement ; je voulus me relever pour les suivre ; mais l’entreprenant R…, me disant en quatre mots qu’il m’aimait à la folie et qu’il voulait faire ma fortune, avait troussé d’une main ma chemise jusqu’à la ceinture, et de l’autre sortait de sa culotte un membre roide et nerveux ; son genou était passé entre mes cuisses, qu’il ouvrait le plus qu’il lui était possible, et il se disposait à assouvir sa brutalité lorsque, portant les yeux sur le monstre dont j’étais menacée, je reconnus qu’il avait à peu prés la même physionomie que le goupillon dont le Père Dirrag se servait pour chasser l’esprit immonde du corps de ses pénitentes.

Je me souvins en ce moment de tout le danger que M. l’abbé T… m’avait fait envisager dans la nature de l’opération dont j’étais menacée. Ma doci-