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adroitement quelle était ma façon de penser et la conduite que j’avais tenue jusqu’alors.

Son épanchement de cœur pour moi excita le mien. Je jasai plus que je ne voulais. On fut d’abord alarmé d’apprendre que je n’avais jamais eu d’amants ; mais on se rassura dès qu’on fut persuadé, par les réponses qu’on m’arracha finement, que je connaissais la valeur des plaisirs de l’amour et que j’en avais tiré un honnête parti. La Bois-Laurier me baisa, me caressa ; elle fit tout ce qu’elle put pour m’engager à coucher avec elle. Je la remerciai, et je rentrai chez moi, l’esprit très occupé de la bonne fortune qui m’attendait.

Les Parisiennes sont vives et caressantes. Dès le lendemain matin, mon obligeante voisine vint me proposer de me friser, de me servir de femme de chambre, de faire ma toilette ; mais le deuil de ma mère m’empêcha d’accepter ses offres, et je restai dans mon petit bonnet de nuit. La curieuse Bois-Laurier me fit mille polissonneries et parcourut tous mes charmes, des yeux et de la main, en me donnant une chemise qu’elle voulut me passer elle-même : « Mais, coquine ! me dit-elle par réflexion, je crois que tu prends ta chemise sans avoir fait la toilette à ton minon ; où est donc ton bidet ? »

« — Je ne sais, en vérité, lui répondis-je, ce que