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jamais de ta confiance, et que je suivrai exactement la solidité de tes principes. »

Après quelques baisers qui furent encore donnés de part et d’autre et qui m’ennuyèrent beaucoup, à cause de la situation gênante où j’étais, mon pieux directeur et sa docile prosélyte descendirent dans la salle où l’on avait coutume de s’assembler. Je gagnai promptement ma chambre, où je m’enfermai. Un instant après, on vint m’appeler de la part de Mme C… Je lui fis dire que je n’avais pas dormi de la nuit et que je la priais de me laisser reposer encore quelques heures. J’employai ce temps à mettre par écrit tout ce que je venais d’entendre.

Nos jours s’écoulaient, dans cette campagne, en témoignages réciproques d’amitié, lorsque ma mère vint subitement, un matin, m’annoncer que notre voyage de Paris était fixé pour le lendemain. Nous dînâmes encore, ma mère et moi, chez l’aimable Mme C…, que je quittai en versant un torrent de larmes. Cette femme adorable, peut-être unique dans son espèce, m’accabla de caresses et me donna les conseils les plus sages, sans y mêler des petitesses accablantes et inutiles. M. l’abbé T… était allé dans une ville voisine où il devait passer huit jours. Je ne le vis point. Nous retournâmes coucher à Volnot. Tout était préparé pour notre voyage. Nous nous