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à résister au penchant naturel qu’ils ont de s’approprier le bien, la femme, la fille d’autrui ; de se venger, de médire, de noircir la réputation de leur prochain, afin de rendre la leur plus saillante. L’honneur fut associé par la suite aux religions. Cet être aussi chimérique qu’elles, aussi utile au bonheur des sociétés qu’à celui de chaque particulier, fut imaginé pour contenir dans les mêmes bornes, et par les mêmes principes, un certain nombre d’autres hommes.

« Il y a un Dieu, créateur et moteur de tout ce qui existe, n’en doutons point ; nous faisons partie de ce tout, et nous n’agissons qu’en conséquence des premiers principes du mouvement que Dieu lui a donné. Tout est combiné et nécessaire, rien n’est produit par le hasard. Trois dés posés par un joueur doivent infailliblement donner tel ou tel point, eu égard à l’arrangement des dés dans son cornet, à la force et au mouvement donnés. Le coup de dés est le tableau de toutes les actions de notre vie. Un dé en pousse un autre auquel il imprime un mouvement nécessaire, et, de mouvements en mouvements, il résulte physiquement un tel point. De même l’homme, par son premier mouvement, par sa première action, est déterminé invinciblement à une seconde, à une troisième, etc.