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riété la religion suppose dans un être infiniment juste et bon !

« Puisque Dieu est le créateur et le maître de toutes choses, nous devons les employer toutes à l’usage pour lequel il les a faites et nous en servir suivant la fin qu’il s’est proposée en les créant ; autant que par raison, par les sentiments intérieurs qu’il nous a donnés, nous pouvons connaître son dessein et son but et les concilier avec l’intérêt de la société établie parmi les hommes, dans les pays que nous habitons.

« L’homme n’est pas fait pour être oisif : il faut qu’il s’occupe à quelque chose qui ait pour but son avantage particulier concilié avec le bien général. Dieu n’a pas voulu seulement le bonheur de quelques particuliers ; il veut le bonheur de tous. Nous devons donc nous rendre mutuellement tous les services possibles, pourvu que ces services ne détruisent pas quelques branches de la société établie : c’est ce dernier point qui doit diriger nos actions. En nous conservant dans ce que nous faisons, dans notre état, nous remplissons tous nos devoirs ; le reste n’est que chimère, qu’illusion, que préjugé.

« Toutes les religions, sans en excepter aucune, sont les ouvrages des hommes ; il n’y en a point qui n’ait eu ses martyrs, ses prétendus miracles. Que