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Dieu ! Pourriez-vous seulement offenser un roi, un prince, qui seraient raisonnables ? Ils mépriseraient votre faiblesse et votre impuissance. On vous annonce un Dieu vengeur, et on vous dit que la vengeance est un crime. Quelle contradiction ! On vous assure que pardonner une offense est une vertu, et on ose vous dire que Dieu se venge d’une offense involontaire[1] par une éternité de supplices !

« S’il y a un Dieu, dit-on, il y a un culte. Cependant, avant la création du monde, il faut convenir qu’il y avait un Dieu et point de culte. D’ailleurs, depuis la création, il y a des bêtes qui ne rendent aucun culte à Dieu. S’il n’y avait point d’hommes, il y aurait toujours un Dieu, des créatures et point de culte. La manie des hommes est de juger les actions de Dieu par celles qui leur sont propres.

« La religion chrétienne donne une fausse idée de Dieu ; car la justice humaine, selon elle, est une émanation de la justice divine. Or nous ne pourrions, suivant la justice humaine, que blâmer les actions de Dieu envers son fils, envers Adam, envers les peuples à qui on n’a jamais prêché, envers les enfants qui meurent avant le baptême.

  1. Le péché originel.