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commandements, mais soutient qu’on ne saurait les accomplir sans la grâce que Dieu donne à qui lui plaît ; et que cependant Dieu punit ceux qui ne les observent pas ! Quelle contradiction ! Quelle impiété monstrueuse !

« Y a-t-il rien de si misérable que de dire que Dieu est vindicatif, jaloux, colère ; de voir que les catholiques adressent leurs prières aux saints ; comme si ces saints étaient partout, ainsi que Dieu ; comme si ces saints pouvaient lire dans le cœur des hommes et les entendre ?

« Quelle ridiculité de dire que nous devons tout faire pour la plus grande gloire de Dieu ? Est-ce que la gloire de Dieu peut être augmentée par l’imagination, par les actions des hommes ? Peuvent-ils augmenter quelque chose en lui ? Ne se suffit-il pas à lui-même ?

« Comment des hommes ont-ils pu s’imaginer que la Divinité se trouvait plus honorée, plus satisfaite de leur voir manger un hareng qu’une mauviette ; une soupe à l’oignon qu’une soupe au lard ; une sole qu’une perdrix, et que cette même Divinité les damnerait éternellement si, dans certains jours, ils donnaient la préférence à la soupe au lard !

« Faibles mortels ! vous croyez pouvoir offenser