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pris d’eux le génie, le caractère, & les mœurs des véritables Romains, on peut retirer beaucoup de profit de la lecture de cet auteur moderne, par l’arrangement où on y voit bien des faits dispersés ailleurs, & par le secours qu’on en retire pour y trouver tout-à-la-fois ce qu’il faut chercher dans plusieurs livres. Mais les ouvrages de cette espéce ne sont utiles qu’à deux sortes de gens : à ceux, qui, déja consommés dans la connoissance de l’histoire, ont besoin d’un recueil pour leur épargner d’aller perpétuellement rechercher dans les originaux ce qu’ils y ont déjà vû : & à ceux, qui, ne voulant lire que pour leur plaisir, & n’avoir qu’une teinture superficielle des tems passés, ne se soucient point de faire une recherche & un assemblage pénible d’un nombre de faits & d’événemens qui se trouvent dans un auteur, & ne se rencontrent point dans un autre.

Lorsqu’on veut approfondir l’histoire & en avoir la connoissance parfaite, il est pernicieux au commencement de jetter les yeux sur les livres modernes. Ce n’est plus un Romain qui nous instruit des mœurs de sa patrie ; c’est un François qui nous revèle le caractère de Brutus, de César, de Scipion : & quelque génie qu’ait l’auteur moderne,