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marquée dans l’histoire. [1]

D’autres auteurs ont soutenu qu’il étoit impossible que les pluies aient été assez abondantes pour causer un pareil effet. Ils ont appuyé leur sentiment de l’opinion d’un fameux philosophe [2], qui prouve par des observations exactes, que les orages les plus violens ne versent qu’un pouce & demi d’eau par demi-heure ; ce qui fait six pieds dans un jour.

Et le déluge n’ayant duré que quarante fois vingt-quatre heures. en supposant les plus hautes montagnes à deux mille pas d’élévation, qui est un tiers moins que leur hauteur, il faudroit, non pour les surmonter, mais même pour pouvoir les égaler, que le ciel eût versé en vingt-quatre heures cent vingt-cinq pieds d’eau, an lieu de six qu’il verse dans les plus grands orages ; ce qui excéde la possibilité et les forces de la nature.

A quoi servent, mon cher Isaac, toutes ces vaines disputes des sçavans qui ne peuvent rien éclaircir ? Lorsqu’on soutient que le déluge n’a point été universel, & que Dieu n’a eu dessein que de punir un peuple ingrat, & qui

  1. Méthode pour étudier l’histoire, par l’abbé Langlet.
  2. Le pere Mersenne.