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Il nous est impossible de découvrir aucune trace de l’origine des peuples & des empires considérables que nous voyons formés comme dans un instant. Nous lisons que, deux ou trois cent ans après le déluge, l’Egypte étoit peuplée excessivement, & que vingt mille villes pouvoient à peine contenir ses habitans. La Chine, la Scythie, la Tartarie étoient des états aussi florissans. Comment peut-on comprendre que les trois enfans de Noé, en deux cent ans de tems, aient pû produire un assez grand nombre d’hommes pour peupler de si vastes provinces, & les environs du Tigre & de l’Euphrate qui le furent les premiers ?

Je crois, mon cher Isaac, que, sans s’arrêter à toutes ces difficultés, quand on veut faire des progrès dans l’histoire de nos livres sacrés, la seule entière qu’ait conservée & respectée le tems, il faut prêter simplement son attention aux vérités historiques, & abandonner aux philosophes & aux docteurs toutes les vaines disputes.

Un moine nazaréen [1], qui est entré dans la discussion de ces faits, pour en montrer la clarté & l’évidence, n’a pas trouvé de meilleur moyen que de

  1. Le pere Pétau, jésuite.